Situé en plein coeur de l’écolieu du Plan du Pont, nombreu.se.s parmi les « gens du jardin » aiment à l’appeler « notre Mandala » et y sont particulièrement attaché.e.s.
Nombreu.x.se.s y déambulent, parfois au centre, parfois autour, le long de son élégant périmètre, comme entre ses rayons de cultures colorés et parfumés selon les saisons, pour y jardiner, biner, « greliner », cueillir, ramasser, arroser, désherber… tout en papotant sous le soleil. Mais peut-on circonscrire cette superbe sphère de plantes, de légumes, de fleurs, d’insectes (… et de jardinier-e-s à l’oeuvre !) à sa seule fonctionnalité agricole ? Cacherait-elle d’autres richesses ? Dans l’intersection fascinante entre agriculture durable, spiritualité et art, le Mandala de permaculture n’émergerait-il pas comme une représentation vivante de l’harmonie entre l’homme et la nature ? Ne combinerait-il pas ainsi les principes écologiques et fonctionnels de la permaculture avec cet art sacré traditionnel dont il est originellement issu, et l’expression esthétique plus contemporaine du Land art, en offrant par là-même un espace où toutes ces dimensions se rencontreraient pour se nourrir mutuellement ?

Le Mandala du jardin comme approche holistique de l’agriculture

Si la permaculture est une méthode agricole durable visant à créer des écosystèmes résilients et productifs, en imitant les modèles et les relations trouvés dans la nature, le Mandala de permaculture apparait comme une représentation graphique de ces principes, organisant les éléments du jardin de manière circulaire autour d’un centre focal. Chaque élément du Mandala de permaculture étant choisi et placé avec soin pour maximiser les interactions bénéfiques entre les plantes, les animaux et le sol, nous nous trouvons, au sein de celui-ci au coeur d’une approche holistique qui considère l’ensemble des interactions du système, le tout et la partie, plutôt que des éléments individuels isolés. Cette conception circulaire encourage la circulation fluide de l’énergie et des nutriments, favorisant ainsi la fertilité du sol, la santé des cultures, sans oublier la communication circulaire entre les personnes, à l’image de celle qui est facilitée lorsque nous sommes disposés autour d’une table ronde.

Le Mandala, entre Tradition et symbole sacré

Terme sanskrit signifiant cercle, et par extension, sphère, environnement, communauté, utilisé, entre autres, dans l’hindouisme et le bouddhisme, le Mandala, véritable symbole sacré représentant l’univers, l’unité et la complétude, est utilisé comme outil de méditation et de contemplation, pour aider les individus à se connecter à leur essence spirituelle et à chercher l’harmonie intérieure.
La création et la contemplation de Mandala pouvant offrir un espace pour la réflexion, la guérison et la transformation personnelle, le Mandala de permaculture, bien qu’employé principalement au jardin comme simple technique, ne puiserait-il pas aussi dans ces riches traditions spirituelles ? N’inviterait-il pas
ainsi les jardinier-es à cultiver, dans une certaine mesure, au-delà des légumes et des fleurs si appréciés, une relation plus profonde et plus respectueuse avec la terre et le cosmos, dans le respect des cycles naturels, une relation plus profonde avec eux-mêmes, une interconnexion avec les autres, le vivant et le sacré ?

Le Mandala de permaculture comme expression de la beauté naturelle éphémère ?

Mandala vu du sol

Le Land art et le Mandala de permaculture partagent apparemment plusieurs points communs qui font d’eux des formes d’expressions artistiques et écologiques profondément reliées, éphémères et respectueuses de la nature. Tant le Land art que le Mandala de permaculture cherchent à établir une interconnexion profonde avec la nature. Si le Land art utilise les matériaux naturels du paysage pour créer des installations éphémères soulignant la beauté et la fragilité de l’environnement, le Mandala de permaculture utilise les principes de la permaculture pour créer des écosystèmes agricoles durables qui imitent les modèles et les relations trouvés dans la nature. Bien que ce dernier soit conçu comme un système agricole durable, pourquoi ne pas l’envisager aussi, de par son esthétique, comme une forme d’oeuvre d’art éphémère qui évolue ainsi et change effectivement au fil des quatre saisons et des phénomènes naturels ? L’esthétique de chacun d’eux ne se caractérise-t-elle pas par une symétrie et une harmonie qui reflètent l’ordre et l’équilibre de la nature, en accord avec le paysage environnant ? Ne peuvent-ils pas servir tous deux, à leurs façons, au plan de l’éducation et de la sensibilisation des publics à l’environnement, de catalyseurs pour des discussions sur la conservation et la protection de la nature, nous invitant ainsi à réfléchir à notre rôle en tant qu’êtres humains dans l’écosystème, à explorer des façons créatives de reconsidérer notre relation à la vie sur terre et de célébrer sa beauté et sa diversité ?